À quoi bon la préhistoire du Tristan en prose ? Mise au point et nouvelles perspectives

Hess, Dominik

In: Journal of the International Arthurian Society, 2017, vol. 5, no. 1, p. 110-140

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    Summary
    La présente étude vise à examiner les différents aspects établis par la critique concernant le début du Tristan en prose, à savoir l'histoire des ancêtres du héros éponyme qui relie la famille de Tristan à celle des gardiens du Graal, dont son ancêtre, Sadoc, serait le neveu de Joseph d'Arimathie et le frère d'Helain le Blanc. Cette "préhistoire" a dû subir le jugement inexorable de G. Paris qui n'a su attribuer aucune valeur littéraire à cette partie introductive au roman et la jugeait complètement inutile. La critique a, notamment suite à la publication du premier tome de l'édition par R. L. Curtis en 1963, pris deux positions diamétralement opposées dont un réexamen sera de mise : celle qui n'a pas cessé de défendre l'utilité de la préhistoire pour la suite du roman, car elle est imprégnée, entre autres, de la thématique de l'amour-passion au même titre que le récit tristanien qui s'ensuit. De l'autre côté, de nombreuses études ont montré que la préhistoire, bien qu'elle introduise la thématique du Graal tout au début, n'a aucun impact sur le destin de Tristan, qui est dû à son penchant pour la luxure, exclu a priori de la Quête du Graal qui a lieu plus tard dans le roman. De plus, notre étude montrera d'autres points mis en évidence par la critique ainsi que des perspectives pour la recherche concernant ce sujet : outre la question de l'intertextualité, avec comme modèle principal l'ombre mythique d'Œdipe, et la dominance de Chelinde, l'élément féminin, comme point-pivot de l'histoire, le chantier le plus évident reste le réexamen de la tradition textuelle pour laquelle Curtis avait, jadis, établi un stemma, mais dont la méthodologie est aujourd'hui dépassée. Ainsi, nous espérons qu'un jour il sera possible, grâce à un classement des manuscrits obtenu par des méthodes plus opérables pour le traitement des textes en prose, de pouvoir apporter de nouvelles connaissances de la genèse d'au moins une partie de cette œuvre littéraire très vaste.