Métabolisme du mazout de Martigny

Lassueur

Tout système géographique, qu’il s’agisse d’un quartier, d’une ville ou d’une région est le terrain d’activités fort diverses : dans une usine, les ingrédients d’une boisson gazeuse sont mélangés à de l’eau et mis en bouteille, dans une poubelle au coin d’une rue des microorganismes dégradent un reste de pomme, ailleurs, sur une terrasse, assis sur une chaise en... Plus

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    Résumé
    Tout système géographique, qu’il s’agisse d’un quartier, d’une ville ou d’une région est le terrain d’activités fort diverses : dans une usine, les ingrédients d’une boisson gazeuse sont mélangés à de l’eau et mis en bouteille, dans une poubelle au coin d’une rue des microorganismes dégradent un reste de pomme, ailleurs, sur une terrasse, assis sur une chaise en plastique, une femme paye son repas en regardant des voitures traverser la ville. Quantité d’approches existent pour décrire ces activités. A l’échelle d’une ville, parce que l’administration est elle-même fortement sectorisée, les politiques ont tendance à approcher ces activités de façon désagrégée : d’un côté l’industrie, de l’autre les impôts, ailleurs le social, et ainsi de suite. Une telle catégorisation a ses limites ; il est évident que ces secteurs interagissent les uns avec les autres, et la commune ne peut se passer d’une communication entre ses différents services. La prise en compte des incidences des activités humaines sur l’environnement, en même temps qu’elle a conduit à la création de services administratifs spécifiques à leur gestion, a aussi mis en avant la nécessité d’un renforcement des liaisons entre secteurs. L’environnement, dans son acception la plus large, peut en effet être considéré comme le système central, le point de rencontre, voire l’englobant de tous les autres domaines, et sa gestion ne peut se passer d’une approche systémique. A l’extrême opposé de cette vision politique sectorisée des activités humaines, le métabolisme régional, méthode en plein développement, se propose justement d’aborder les activités survenant sur une portion du territoire de façon beaucoup plus globale. Le système régional n’est plus scindé en domaines. Il est le terrain de circulation et de transformation de matière, unité de référence du métabolisme régional. La matière est déplacée dans les limites du système, peut y entrer ou en sortir, subir des transformations chimiques, physiques ou biologiques, se trouver sous forme gazeuse, solide ou liquide. Qu’elle soit ransformée ou assemblée par l’industrie, véhiculée sous la forme de produits de consommation, consommée par des être sociaux, rejetée sous forme de toxique, ou qu’elle fasse l’objet de taxes d’imposition, c’est la description de sa position et de sa circulation qui intéresse en premier chef le métabolisme régional. L’apparentement de la méthode du métabolisme régional à la méthode d’analyse de cycle de vie est évidente. La grande différence entre ces deux méthodes réside dans la définition des limites du système : elles sont géographiques pour la première, et fonctionnelles pour la seconde. Les applications du métabolisme régional sont infinies. Pouvoir informer les entreprises de construction sur l’emplacement des stocks de gravier, c’est leur faciliter la tâche pour la préparation du béton et minimiser le transport de ce genre de matériaux. Renseigner une entreprise A sur les rejets de l’entreprise B voisine, c’est lui donner la possibilité d’utiliser ces déchets comme ressource pour son propre processus industriel. Connaître les rejets de SO2 dans une ville, c’est mieux évaluer les impacts sur la santé. Identifier les sources de métaux lourds dans un cours d’eau, ce sont des perspectives qui s’ouvrent pour améliorer son état de santé. Savoir la composition des déchets, c’est mieux cibler leur traitement, etc. Connaître les flux de matière et la transformation de la matière à l’intérieur de frontières géographiques : si l’objectif du métabolisme régional est simple, il est tout aussi difficile à atteindre. En effet, le concept, qui fonctionne selon un processus boîte noire, implique la maîtrise de deux aspects : d’un côté, connaissance de la nature et du volume des flux (inputs, stocks, outputs), de l’autre connaissance des processus de transformation. Dans la perspective où l’on s’intéresse à l’ensemble des flux circulant dans une région de grande importance, le premier aspect requiert la collecte d’une quantité d’information gigantesque, tandis que le deuxième demande de vastes savoirs scientifiques au sujet des ransformations chimiques, physiques et biologiques. Ainsi, le développement du métabolisme régional passe par deux conditions essentielles : 1) Développement de modèles de transformation. Ceci intéresse les domaines tels que la chimie de l’atmosphère ou des sols, ou, dans le cas des processus industriels par exemple, de l'analyse de cycle de vie. 2) Développement d’un réseau d’information, dans le but de mesurer les volumes des flux de matière. En effet, pouvoir modéliser la manière dont la matière se comporte dans un processus, qu’il soit naturel ou industriel, ne suffit pas. Il s’agit de pouvoir mesurer la quantité de matière qui est introduite, stockée ou extraite des limites du système d’intérêt.